Le verbe grec est beaucoup plus fort que la pitié. Il exprime qu’on est pris aux entrailles, comme une mère qui sent au plus profond d’elle-même la douleur de son enfant. Dans l’Ancien Testament, ce mot était réservé exclusivement à Dieu, comme pour signifier que lui seul peut ressentir la profondeur de notre souffrance.
C’est ce même mot que Jésus utilise dans la parabole du bon Samaritain pour répondre à la question : « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? » Le Samaritain a été pris aux entrailles devant le blessé et a pris soin de lui. « Fais cela et tu vivras » (de la vie divine, éternelle) conseille le Seigneur.
Pour être sauvé, il faut donc se laisser prendre par la même compassion que celle qui animait Jésus devant son prochain. Il ne s’agit pas de la solidarité instinctive qui est un repli sur notre propre fragilité, comme lorsqu’il nous arrive de pleurer à l’enterrement d’un inconnu. Jésus, lui, animé par l’Esprit du Père, éprouve une compassion infinie pour notre état de pécheurs. Loin de nous juger ou de nous punir, il veut nous faire vivre de sa vie.
Il s’approche de la civière, la touche – se rendant ainsi impur selon la loi juive d’alors – comme pour se faire un avec notre condition mortelle. Ainsi, lorsque nous sommes morts à Dieu par notre péché, s’approche-t-il de nous, prenant sur lui notre souffrance et notre mort, pour nous faire revivre avec lui.
Odile van Deth