Alex était un petit homme âgé, réservé, vêtu pauvrement. Ses voisins le saluaient à peine. Un jour quelqu’un demanda à la gardienne de l’immeuble où habitait Mr Ivanovitch. Elle eut du mal à se souvenir qu’il s’agissait de celui que tout le monde appelait Alex. « C’est que j’ai besoin de le voir, car lui seul peut m’aider à déchiffrer du persan ancien. C’est un grand savant ». La concierge n’en revenait pas. Ce petit homme à qui elle aurait presque fait l’aumône, un grand savant ?
Bien des incompréhensions dans les familles viennent de la rigidité qui ne permet pas au conjoint, à l’adolescent de se révéler autre que ce que l’on pensait. « Tu n’es plus celle que j’ai épousée » reproche un mari à sa femme. Connaissait-il cette femme ou avait-il projeté sur elle une image idéalisée ? Ne pourrait-il pas au contraire s’émerveiller de ce qu’elle devient, peut-être grâce à son amour à lui ? Ne pourrions-nous pas croire à la Présence de Dieu qui fait évoluer chacun vers son être vrai ?
Ainsi nous côtoyons-nous sans nous connaître, sûrs pourtant que l’autre correspond à la catégorie où nous l’avons classé une fois pour toutes. Ainsi Jésus était-il catalogué comme un charpentier auquel ses compatriotes ne pardonnaient ni sa célébrité ni ses amitiés avec ceux qu’on appelait les pécheurs.
Odile van Deth