Aurore est en larmes. Une fois de plus, en arrivant au bureau, elle a trouvé sa place prise. On l’a remisée – dit-elle – au coin d’une table déjà occupée. « Je n’existe pas » se lamente-t-elle. Un matin, au réveil, elle se souvient que sa mère lui a raconté qu’elle avait été conçue pour que sa famille, devenue nombreuse par sa naissance, obtienne un logement plus spacieux. Elle n’a donc pas été un fruit de l’amour de ses parents mais elle a été voulue comme un moyen pour un avantage. Invitée à entendre ce que lui disait le Seigneur, elle a pensé à une parole de Jérémie (31,3) : « D’un amour éternel je t’ai aimée ». Aurore réalise alors qu’elle a toujours existé dans le cœur du Père, que c’est là sa place.
Chacun a un nom mystérieux, inscrit sur un cailloux blanc dit le livre de l’Apocalypse, le nom de son existence en Dieu. Souvent, dans la Bible, Dieu change le nom de ceux qu’il choisit, pour leur révéler le sens de leur vie. Abram devient Abraham, qui signifie « père de nombreux peuples », Salomon est nommé le « Bien-Aimé », Simon sera Pierre, la pierre de fondation de l’Église.
Au fond de notre être est inscrite notre vraie identité qui se révèle dans notre désir profond. Trop souvent nous cédons à l’attente des autres sur nous et nous oublions d’être simplement et librement nous-mêmes.
Odile van Deth
