Lorsque Roger Garaudy, grande figure du parti communiste du siècle dernier, en fut exclu après une nuit de débats, montant dans sa voiture il se retrouva devant le logement de son ex femme. Surpris lui-même, il sonna mais s’arrêta sur le seuil : la table du petit déjeuner était mise pour deux. « Je ne savais pas que tu étais avec quelqu’un » s’excusa-t-il. « C’est pour toi que tout est préparé – répondit-elle – ; j’ai su par la radio ce qui s’est passé et j’ai pensé que tu serais venu ». C’est ainsi que le Père attend chacun de nous.
En réponse aux murmures de ceux qui s’estiment en règle, Jésus propose trois histoires paradoxales. Laisser le troupeau pour chercher une seule brebis égarée, appeler tous les amis pour fêter quelques centimes retrouvés, tuer le veau gras qui représente une année de salaire parce que le fils qui a tout dépensé revient. Est-ce raisonnable ? L’aîné se met en colère, lui qui n’a jamais désobéi au père. La réponse du Père est confondante : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ».
Dieu ne fait pas la leçon. Il fait une confiance surabondante à sa créature. À l’humain le plus endurci, à celui qui nie ou refuse son existence, le Père ne cesse de dire que lui, le Seigneur, est toujours avec lui, que tout ce qui est à lui est à la disposition de celui qui le désire.
Odile van Deth