Devant la probable stupéfaction des disciples, le Seigneur raconte une parabole. Un roi, pris aux entrailles – dit le grec – devant l’incapacité d’un serviteur de s’acquitter d’une dette colossale, le salaire de 60 millions de journées de travail, lui remet tout. Mais cet homme exige ensuite d’un de ses collègues le remboursement d’une petite somme, environ cent euros. Le roi condamne alors ce serviteur car il n’a pas eu pitié alors qu’il venait d’être délivré d’une énorme dette.
Être pris aux entrailles, que le latin rend malheureusement par ‘faire miséricorde’, signifie littéralement les entrailles maternelles qui se crispent de douleur devant la souffrance de son enfant.
Dieu sait que nous péchons parce que nous allons mal. Il est pris aux entrailles devant notre malheur et nous pardonne tout si, par notre confiance, nous nous ouvrons à sa tendresse. Il veut aussi que son pardon rejoigne tous les humains à travers notre pardon. Seul son amour peut faire jaillir en nous la compassion nécessaire, comme Jésus sur la croix a supplié son Père de pardonner à tous, même à ses bourreaux.
Voilà le secret du pardon : c’est l’amour de Dieu que son Esprit diffuse dans notre cœur pour que, pardonnés, nous pardonnions toujours, nous aussi pris aux entrailles devant le malheur de l’autre.
Odile van Deth