Lorsqu’Elisabeth lui fait un compliment inouï : « Tu es bénie entre toutes les femmes », elle répond, sans aucun retour complaisant sur elle-même, par le Magnificat qui proclame la tendresse de Dieu pour les humbles. « Il renverse les puissants » chante-t-elle. Non pour les punir, Dieu ne punit jamais, mais pour qu’eux aussi découvrent le don d’accepter leur petitesse, pour qu’en eux aussi le Seigneur « fasse des merveilles ».
Aude, après de brillantes études était devenue chef d’entreprise à l’autre bout du monde ; elle fut mise sur la touche par ses collègues qui n’admettaient pas d’être aux ordres d’une femme. Ayant donné sa démission, elle rentra en France en pleine dépression. Sa vie lui semblait un échec. Elle tente aujourd’hui douloureusement de comprendre ce qui lui est arrivé. Saura-t-elle saisir la chance de croire en l’amour du Père qui « s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent », c’est à dire sur ceux qui l’adorent depuis leur petitesse, qui lui font pleine confiance, comme Marie ?
Car la Vierge, en acceptant d’être enceinte savait qu’elle risquait la lapidation comme adultère, que sa vie pouvait apparaître comme un échec. Elle a fait confiance, comme un enfant qui s’accroche à la main de son père devant un danger.
Odile van Deth