Le prophète est celui qui dévoile le sens du présent en le montrant comme la conséquence de nos actes.
Nos prophètes, ce sont les personnes qui nous révèlent selon quel critère nous vivons : le voisin bruyant qui met à l’épreuve ma patience ou le SDF qui me demande une pièce ; mon mari qui me semble indifférent ou l’ado dont les réactions me font peur. Chacun est un envoyé du Père. Est-ce que je frappe l’un en l’insultant, est-ce que je lapide l’autre en lui jetant la pierre, est-ce que je tue en mon ado son désir de vivre par mon manque d’écoute ? Les prophètes, ce sont aussi les victimes du climat, des guerres, les immigrés, les chômeurs. Comme dans la parabole, nous les traitons d’intrus dérangeants.
En chacun, c’est le fils de la parabole, le Christ qui se présente à nous « dans le plus petit de ses frères ». Nous le blessons ou le tuons parce que nous voulons nous emparer de la vigne, c’est à dire construire notre petit bonheur sans référence au propriétaire du domaine. Nous voulons nous saisir par nous-mêmes de l’héritage, du Royaume, alors que le Père désire nous le donner en partage, comme Jésus partageait le pain.
La mort du Fils est le fruit de notre entêtement à défendre nos raisons d’agir, pour sauver notre vie au lieu de la recevoir du Père.
Odile van Deth